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LA PHOTOGRAPHIE SOUS-MARINE D’HIER A NOS JOURS…

Chers Internautes,

 Rassurez-vous ! Dans les lignes qui suivent je ne vais pas vous parler de la « Lanterne d’Aristote »  ni vous inviter à photographier les entrailles d’un oursin encore que…

Pas l’intention d’ouvrir un débat sur des réponses possibles à la question digne d’un Régent d’une chaire de Pataphysique : Pourquoi l’eau mouille ?

 Non…il s’agit simplement de se rappeler ensemble des difficultés qui ont dû être surmontées avant que la photographie sous-marine devienne un fait, fasse irruption dans nos foyers à travers des revues, des livres, et à la télévision…

 Avouons le simplement entre nous certaines images de l’épave du Titanic, les films de l’équipe Cousteau, la projection du film de Luc Besson « Le Grand Bleu » ont pu marquer nos esprits…

Certaines images d’explorations scientifiques des grands-fonds, de découvertes d’épaves continueront longtemps de  nous fasciner…

 Que d’ingéniosité pour celles et ceux qui se sont acharnés à remonter à la surface des images d’un univers liquide longtemps considéré comme inaccessible…

 Avant la Première Guerre mondiale, lorsque la « photographie sous-marine » était évoquée cela recouvrait des pratiques aussi différentes que des prises de vues effectuées à partir de sous-marins ou d’observatoires, des prises de vues dans des caissons à air comprimé ou réalisées de manière empirique « à l’aveuglette » avec un dispositif descendu sous l’eau ou des prises de vues avec des photomètres.

 Que de progrès techniques constatés au fil des années d’abord en « argentique » avec la mise sur le marché de la  gamme « Nikonos » de conception entièrement étanches sans détailler les nombreux systèmes de boîtiers qui permettent d’emporter un appareil standard sous l’eau et sans oublier un appareil « Kodak » de petit format jetable…

Aujourd’hui cela nous semble banal de disposer de compacts numériques de reflex numériques avec des objectifs de très haute qualité placés en caissons étanches et…demain la miniaturisation ?

Demain appartient au génie humain car l’histoire de la photographie est avant tout une histoire d’hommes face au défi de reculer les limites de la réalisation technique…

 Admettons la communication en 1839 à l’Académie des Sciences par François ARAGO comme  une sorte de point de départ de la photographie et la communication de Louis BOUTAN en 1893 comme le point de départ de l’application de la photographie à l’univers subaquatique.

 Saluons les précurseurs comme William THOMSON qui a tenté en 1856 de réaliser une prise de vue sous-marine à Weymouth en Grande-Bretagne, la même année Willhelm BAUER, inventeur allemand méconnu du sous-marin qui tenta des prendre des photographies à travers les hublots de son sous-marin  « le Seeteufel » dans la baie de Cronstadt en Russie, le français Ernest BAZIN et son observatoire sous-marin chargé en 1870, par un consortium financier de remonter le trésor de la flotte espagnole coulée dans la baie de Vigo,  un autre français Paul REGNARD qui proposa au prince Albert 1er de Monaco un photomètre et un dispositif permettant de photographier le fond de la mer ou toute autre profondeur inaccessible…

 Louis BOUTAN formulait un souhait en 1900 : « J’ai ouvert la voie…A d’autres de la suivre, de frayer de nouveaux chemins et d’arriver au but définitif. »

Stéréographie en 1901, couleur dès 1912, cinématographie à partir de 1914, télévision en 1931 pour ne citer que les principaux développements techniques dans la suite des inventions des pionniers qui ont pu ouvrir un passage vers l’âge adulte de la photographie sous-marine.

 Cela méritait bien de saluer en ce début du XXIème siècle ce long chemin de l’évolution des techniques depuis l’ère des pionniers, des découvreurs, des inventeurs…

 Tout a changé au niveau des optiques, des éclairages, des équipements « numériques » et l’engouement pour des destinations exotiques désormais acces à écrire de nouvelles  partitions artistiques ? Par le partage de nos plus belles images offrir une ode à la photographie subaquatique ?

 Une image, aussi simple soit-elle peut plaire ou déplaire au delà du sujet abordé.

La composition peut faire la différence entre une image qui attire le regard et une autre qui laisse indifférent.

Ne prenons par les règles artistiques comme des carcans qui brideraient notre créativité car de la transgression peut naître la surprise de l’ émotion !

Collez votre œil dans un viseur et imaginez que vous devez composer une œuvre d’art en organisant les composantes d’un ensemble.

Vous avez des formes, des masses, des couleurs à disposer, à agencer et le hasard n’a rien à voir avec la maîtrise de la composition d’une image.

En macrophotographie, en photo de poisson, en ambiance vous devez maîtriser les théories adaptables de la composition car elles concourrent au langage de l’image et donc à la compréhension du message photographique.

 Notre culture occidentale nous guide vers une lecture dans un sens établi de gauche vers la droite par un balayage empruntant des lignes horizontales et diagonales.

Pour schématiser sans se prendre pour « Zorro » l’oeil va partir d’un coin supérieur gauche pour terminer à l’opposé dans le coin inférieur droit. Si présence d’éléments attractifs (un(e) modèle plongeuse(eur), une couleur vive comme le jaune ou le rouge, un sujet précis notre regard va s’arrêter ou revenir à des points particuliers.

Le format 24X36 correspond à cette proportion de (1 racine de 5) / 2 soit environ 1,618 un rapport de format agréable à l’oeil, le nombre d’or dans le domaine artistique.

Le choix du cadrage, la règle des tiers et des points forts, l’équilibre des masses, le dynamisme apporté par la diagonale, difficile d’être exhaustif en matière artistique en n’oubliant pas que des règles refusées pour valoriser un message particulier ouvrent parfois des débats passionnés au sein des membre de Jury qui doivent noter une image qui peut surprendre…

 Photographier sous l’eau c’est en principe se laisser le temps de chercher différents cadrages…trouver le « bon » angle, saisir l’instant…mais le petit poisson « Némo » est souvent allergique à la pose devant l’objectif…

Espiègle n’en doutez pas…il refusera souvent de vous laisser le temps du mode « pause » !

 Le but de la construction de nos images sous l’eau est de traduire un message, une émotion…

Est-ce exagéré d’écrire que la phrase photographique peut comprendre un sujet, un verbe et dans certains cas, des attributs ?

Sujet clair dans l’image, décelable au premier coup d’oeil ! Le rythme, la dynamique dans l’image c’est le verbe ! Pas le monopole des « tribuns » ! Formes, couleurs répétées, orientation des regards de modèles ou de poissons, attitudes, mouvements saisis en instantanés, sur le vif, des signes apportant  l’expression, la rhétorique à l’image ce sont les…attributs ! Ils soulignent des messages, qui agrémentent la composition qui corroborent l’information créée, partagée…

Je n’ose entrer dans une discussion sur le « beau » la « beauté » d’une image, notion abstraite liée à ne nombreux aspects de notre existence humaine.

Je n’ai sans doute pas assez étudié la discipline philosophique de l’esthétique mais puis-je partager avec vous les souvenirs d’expériences sensorielles, de perceptions, d’expériences intellectuelles qui ont pu procurer une sensation de plaisir ou un sentiment provenant de formes, d’aspects visuels, de mouvements de sons ?

 Ais-je suivi Platon par l’amour (éros) de désirer et découvrir des choses de plus en plus belles sous la mer comme sur terre ?

Faut-il laisser le désir des beaux corps pour passer à l’amour des belles âmes et parvenir à la contemplation de la beauté en soi bien supérieure à la jouissance provoquée par de beaux objets en particulier ?

Se rapprocher d’un idéal ? Etre ce qui doit être la beauté assimilée à la perfection esthétique ?

Peut être le mystère de l’ascension de l’âme vers le divin ?

Allez il est temps de se replonger dans les merveilles de la faune et de la flore sous-marine à la portée de nos regards et de nos objectifs photographiques…

 Photographes, plongeuses, plongeurs par notre simple présence nous devenons sous l’eau un facteur de modification du fragile équilibre que représente l’écosystème subaquatique.

Le lestage, l’utilisation parfaitement maîtrisée des gilets stabilisateurs en plongée sont essentiels car les mains sont encombrées sous l’eau par la tenue des appareils de prises de vues et ou d’éclairages !

Des qualités seront développées par une longue expérience de la plongée et de la photographie subaquatique : observation, analyse des situations et des comportements, calme et sang froid…

Vous admettrez que ces qualités sont utiles pour contrôler l’approche de certains sujets et pour réaliser de meilleures images ?

 Voyager c’est apprendre…

Photographier c’est raconter…

Permettez-moi, Chers Internautes, de vous inviter à voyager en partageant quelques photographies avec vous pour illustrer ces lignes…

 Jean de SAINT VICTOR de SAINT BLANCARD – www.subphotos.com

Lien vers l’article AMOPA N°219 janvier-février-mars 2018